Les racines celtiques du cornique
La langue cornique fait partie du groupe linguistique celtique, qui comprend également le breton, le gallois, le manx, le gaélique irlandais et le gaélique écossais. Les Celtes, à travers leurs migrations depuis l’Europe continentale, ont introduit ces langues dans les îles britanniques.
Les langues celtiques se divisent en deux groupes principaux : le celtique « q », regroupant les langues gaéliques d’Écosse, d’Irlande et de l’Île de Man, et le celtique « c », comprenant le gallois, le cornique et le breton. Ces divisions ont été influencées par des invasions et colonisations successives, notamment par les Romains et les Saxons.
La migration des Celtes
Les Saxons ont poussé un grand nombre de Celtes anglophones à traverser la mer vers la péninsule d’Armorique, fondant ainsi la Bretagne. À partir de ce moment, les langues celtiques ont divergé pour devenir les six langues que nous connaissons aujourd’hui.
- Groupe celtique « q »: gaélique écossais, gaélique irlandais, manx
- Groupe celtique « c »: gallois, cornique, breton
Un début ancré en Cornouailles
Le cornique était largement parlé en Cornouailles, dans les îles Scilly et, dans une certaine mesure, dans le Devon occidental et Exeter, jusqu’à ce que le roi saxon Athelstan expulse les Cornouaillais d’Exeter en 936, établissant la limite de la rivière Tamar comme frontière.
Les monastères étant les principaux dépositaires de manuscrits, l’interférence d’Athelstan pourrait expliquer le manque de textes corniques anciens. Ce n’est qu’à l’époque normande que des documents comme les manuscrits de Bodmin commencent à apparaître.
Le cornique à l’époque médiévale
La période de 1200 à 1600, dite du « Cornouailles moyen », a vu l’apparition de nombreuses pièces religieuses destinées à sensibiliser les Cornouaillais aux histoires bibliques et à la vie des saints, jouées lors des plen-an-gwari, des performances en plein air.
Les pièces religieuses notables
Quelques-unes des œuvres importantes de cette période incluent:
- Ordinalia : trilogie comprenant Origo Mundi, Passio Christi et Resurrexio Domini
- Bannan Meriasek : pièce sur la vie de Saint Mieradoc
- Bewnans Ke : récemment redécouverte et publiée, traitant de la vie de Saint Kea
Réforme et rébellion
La Réforme anglaise a profondément impacté la langue cornique. Lorsque Édouard VI a imposé l’utilisation du Livre de prière commune, cela a conduit à une résistance marquée des Cornouaillais, culminant en 1549 avec une rébellion réprimée de façon sanglante.
Avant cette révolte, le cornique était largement parlé à Bodmin. Cependant, moins d’un demi-siècle plus tard, des témoignages indiquent que le cornique ne se parlait plus qu’à l’ouest de Truro, et même là, les locuteurs connaissaient aussi l’anglais.
Le cornique tardif et sa lente disparition
Au cours des deux siècles suivants, le cornique est entré dans une phase dite « Cornouailles tardives ». Cheston Marchant de Gwithian fut considéré comme le dernier locuteur natif, mort en 1665.
Malgré tous les efforts pour conserver la langue, tels que les traductions de la Bible et d’autres écrits par des érudits comme John Cavin et William Rowe, le cornique a progressivement décliné.
Voici une présentation des efforts de traduction de cette époque :
Traducteur | Oeuvre |
---|---|
William Rowe | Chapitre du Nouveau Testament et les Dix Commandements |
Nicholas Boson | Joan Jai Horr, conte populaire |
La renaissance du cornique
Au XIXe siècle, bien que la langue fût quasiment éteinte comme langue communautaire, un regain d’intérêt pour la culture celtique a suscité des études scientifiques sur le cornique. Henry Jenner et Robert Morton Nance furent des figures centrales de ce renouveau, reprenant et publiant des textes anciens.
Le renouveau moderne
Dans les années 1980 et 1990, divers chercheurs ont proposé des approches nouvelles pour le renouveau du cornique, menant à la création de formes comme le Cornish Unified et le Common Cornish.
- Richard Gandall : exploration des Cornouailles de la dernière période
- Dr. Ken George : recherches sur la phonologie et orthographe simplifiée
- Prof. Nicholas Williams : United Cornish Revamped
Le futur de la langue cornique
Pour assurer la pérennité de la langue, une écriture standard a été adoptée pour son utilisation dans les écoles et la vie publique. Cela a déjà stimulé l’utilisation de la langue et la création de nouvelles ressources éducatives. Les locuteurs peuvent toujours utiliser les différentes formes de cornique dans leur vie privée, mais la forme standard permet un succès plus grand dans le développement public de la langue.
Nous espérons que cette démarche collective permettra à tous les amateurs de cornique de continuer à faire vivre cette langue historique et précieuse.
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